Fernand Pouillon
«Culture, ville et modernité»
25 février - 15 mars

L'exposition consacrée à l'œuvre de Fernand Pouillon à Aix, une manifestation culturelle qui offrira aux visiteurs de la Fondation la présentation de plus de 70 photographies représentant les principales réalisations architecturales du maître.
Vernissage le jeudi 25 février à 18h.

Table Ronde
26 février à 16h

Seront conviés les principaux spécialistes de l'œuvre du maître, sa dernière compagne Catherine Sayen, les professeurs d'université Jean Lucien Bonillo, Marc Bedarida et Claude Massu, ainsi qu'un historien d'art, Antony Marchutz, qui témoignera de l'amitié de Fernand Pouillon pour son père Léo, lithographe et artiste peintre.

– Programmation proposée par l'Association des Amis de la Fondation Vasarely.


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Intervention d'Antony Marschutz lors de la Table Ronde réalisée dans le cadre de l'exposition Fernand Pouillon à la Fondation Vasarely à Aix-en-Provence le 26 février 2016.

L'amitié Fernand Pouillon / Léo Marchutz

À la différence des intervenant qui m'ont précédé, je ne vais pas parler d'architecture mais plus simplement relater la chronique d'une amitié, celle de Fernand Pouillon, l'architecte, avec Léo Marchutz, le lithographe et peintre.
Cette chronique s'appuie sur un ensemble de documents, notamment les correspondances mais aussi le Journal de Léo, un ensemble de textes qui constituent le Fonds Léo Marchutz.

La rencontre
À l'initiative de leur ami commun, le céramiste Philippe Sourdive, Fernand Pouillon rend visite pour la première fois à Léo Marchutz dans son atelier au Châteaunoir en septembre 1950 et achète immédiatement, après en avoir visionné seulement quelques pages, trois copies de l'Évangile selon Saint Luc, ouvrage que Léo Marchutz vient de terminer après 3 ans de travail. Une amitié se noue alors avec l'architecte et sa famille, fondée sur une pensée artistique commune, une admiration et une estime réciproque. Cette amitié ne prendra fin qu'avec la mort du peintre en 1976.

Ordonnances
Lorsque Fernand Pouillon réalise en 1953 son ouvrage Ordonnances constitué de relevés et dessins d’architectes des anciens hôtels et résidences d'Aix, c’est tout naturellement qu’il demande à Léo Marchutz de contribuer à l’ouvrage par la réalisation de trois lithographies en couleurs des rues d'Aix.

Le mécène
Scandalisé par le fait que Kahnweiler refuse de signer un contrat d’artiste avec Léo Marchutz, Fernand Pouillon décide de devenir son mécène et lui alloue, à partir de janvier 1954, une généreuse mensualité pour la réalisation de son œuvre: ainsi Léo écrit dans son Journal «je peux travailler de façon continue».

La construction de l'atelier
Fin 1956, Fernand Pouillon forme le projet de construire un atelier pour Léo Marchutz, sur un terrain près d'Aix-en-Provence, situé en face de la villa qu'il vient de construire. Outre l'atelier, le projet devait comprendre pour partie son agence d’architecte et la construction d’une maison familiale. Léo Marchutz emménage dans les lieux au printemps 1958.
À l'initiative de Fernand Pouillon, Léo Marchutz expose des dessins et des lithographies à la Galerie Craven à Paris au printemps 1957.
Le scandale du Comptoir National du Logement, qui éclate au printemps de 1961, met Fernand Pouillon dans une situation éprouvante, avec notamment pour conséquence que l'architecte est contraint d’envisager la vente d’une grande partie de ses biens. Le contrat signé avec Léo n’est définitivement plus honoré et la vente de l'atelier devient une menace réelle. D'abord protégé par un bail de location, Léo est finalement en mesure d'acheter le bien en 1968, mettant ainsi fin à près de huit années de menaces et d'incertitudes. Fernand écrit alors «... je me réjouis de la fin de vos malheurs qui me rongeaient (...)».

Le grand format
Sur instigation de Fernand Pouillon, projetant de construire deux chapelles dont il souhaite que Léo Marchutz réalise la décoration, les premiers essais d’agrandissement de ses dessins sont effectués par projection sur le mur de l’Institut Universitaire Américain d’Aix. D’abord réservé, Léo est par la suite enthousiasmé par le résultat. Ne possédant plus les forces nécessaires pour manier une presse à bras, il abandonne peu à peu la technique lithographique pour se consacrer à la peinture de chevalet réalisée à partir de dessins projetés sur la surface d’une grande toile et repris au pinceau, avec un trait tout d’abord monochrome puis polychrome. C'est ainsi qu'il met fin vers 1964 à la pratique lithographique pour revenir à la peinture de chevalet.

Épilogue
En 1977, un an après le décès de Léo Marchutz, Fernand Pouillon organise à la Galerie du Jardin de Flore à Paris une exposition des lithographies aixoises de Léo en parallèle de la présentation de la réédition de son livre Ordonnances.

Bien que pratiquant des modes de vie opposées – l'architecte menant grand train, le peintre retiré à Châteaunoir – les deux hommes avaient la même passion pour les grandes réalisations du passé comme modèles de leur propre création. Ils possédaient une intuition et un sens artistique commun, chacun en admiration devant le travail de création de l'autre. Fernand Pouillon s'est d'ailleurs exprimé dans une lettre à Léo non datée (sans doute des années 60) d'une façon très intuitive, voire énigmatique: «… Je sens plus que je ne comprends que ce que vous faites est dans le sens du dépassement de quelque chose, c'est confus, mais je suis sûr de ne pas me tromper. (...)».


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www.fernandpouillon.com

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Léo Marchutz et Fernand Pouillon

Enfin différents chercheurs travaillant à des publications sur l’œuvre architecturale et les écrits de Fernand Pouillon souhaitent approfondir les relations amicales et artistiques entre l’architecte et le peintre. Des documents issus des écrits et correspondances de Léo Marchutz leur ont ainsi été communiqués, afin de préciser la nature et l’étendue de ces relations.