Histoire d’une amitié

La rencontre

A l’initiative du céramiste Philippe Sourdive, Fernand Pouillon rend visite pour la première fois à Léo Marchutz dans son atelier du Châteaunoir en septembre 1950. Léo écrit dans son journal: «Sourdive m’a rendu visite avec un ami architecte. Cette homme a acheté 3 copies du Saint-Luc, après en avoir vu seulement quelques pages. J’aime cela, a-t-il dit …».

Au début des années 50, une amitié se noue avec Fernand Pouillon et sa famille, fondée sur une pensée artistique commune, une admiration et une estime réciproque.

Lorsque Fernand Pouillon réalise en 1953 son livre «Ordonnances» constitué de relevés d’architecture des anciens hôtels aixois, c’est tout naturellement qu’il demande à Léo Marchutz de contribuer à l’ouvrage par la réalisation de trois lithographies originales en couleurs.

Le mécène

Scandalisé par le fait que Kahnweiler refuse de signer un contrat d’artiste avec Léo, Fernand Pouillon décide de devenir son «mécène» et lui alloue à partir de janvier 1954 une généreuse mensualité avec pour seule condition de lui réserver les numéros impairs de sa production lithographique. A Albert Châtelet (6 février 57), Léo Marchutz écrit: «… Kahnweiler m’a refusé toute aide pour réaliser mes propres choses (qu’il a vues sur pierre et prétendait admirer), ceci il y a 4 ans environ. C’est, entendant cet échec, qu’est survenu M. Pouillon et ce n’est effectivement que depuis 3 ans que je peux travailler d’une façon continue». Toujours à Albert Châtelet (mai 1959): «Vraiment, le contrat qu’il [Pouillon]m’a offert est exactement tel que je le désirais – il m'avait dit 'ce que vous proposez sera bon pour moi' et ça a toujours été ainsi, sauf que, dès le début, il avait doublé la somme que j'ai crue nécessaire».

Léo Marchutz est invité en août 1954 à Alger à l’occasion de l’inauguration de la cité de Diar-el-Mahçoul, grand-ensemble construit dans cette ville par l’architecte.

Fernand Pouillon forme le projet fin 1956 de construire un atelier pour Léo Marchutz, sur un terrain situé en face de sa magnifique villa, la Brillane, inaugurée en janvier 1956. Le terrain, qui comportait déjà une maison plus ancienne, devait, outre l’atelier, comprendre une partie de son agence d’architecte et la construction d’une maison familiale.

A l’initiative de Fernand Pouillon, Léo Marchutz expose des dessins et des lithographies à la Galerie Craven à Paris au printemps 1957.

Léo Marchutz écrit dans son «Journal» (février 1958): «… le nouvel atelier en face de la Brillane est bientôt terminé: on a mis l’eau hier.» Il y emménage au printemps 1958.

«… Pouillon me demande – pour un livre qu'il va publier, je crois – des dessins des Baux – c'est un des rares endroits où je n'ai jamais eu la moindre envie de faire quoi que ce soit – voilà un malheur! Si c'était St. Rémy! Une merveille!!», lettre à Albert Châtelet (15 janvier 59).

Les menaces sur l’atelier

Devant une situation financière de plus en plus difficile et éprouvante, Fernand Pouillon est contraint, fin 1960, d’envisager la vente d’une grande partie de ses biens; il prévoit toutefois de garder le terrain et la propriété en face de la Brillane, afin que son épouse et Léo Marchutz, qui maintiennent d’amicales relations, soient à l’abri de tout besoin.

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